Echos...    

20 février 2007.

Les ados+ dans le quartier de Saint-Martin...

Des ados+ en visite dans le quartier défavorisé de Saint-Martin (Liège) un mardi Gras, qui l’eut cru? Et pourtant, ils étaient une vingtaine à avoir fait le déplacement depuis Spa et Theux… Verdict ? D’avis général, la journée fut inoubliable et pleine de surprises !!!

Mardi 20 février 2007, 8h30 en gare de Spa. Il fait calme et la météo semble augurer du meilleur. Petit à petit, les jeunes arrivent, prêts à vivre une journée à laquelle ils ont décidé de participer sans trop savoir dans quelle direction le train allait les mener…

Rejoints, en cours de voyage, par d’autres ados de Theux, la troupe arrive à la gare de Liège Palais où les attend Jacques, ancien missionnaire au Congo et bénévole auprès de l’ASBL Sainte Marguerite. Celui-ci demande directement aux jeunes de jeter un coup d’œil autour d’eux… A la vue, rien de bien particulier si ce n’est l’imposant chantier des extensions du palais de justice de Liège et les nombreux tags qui ornent les murs de la gare. « En marche ! » scande alors Jacques. Chacun suit le guide et les chuchotements commencent à abonder, nous ne sommes pas très loin de la gare et pourtant, nous sentons déjà que cette journée va rester gravée dans nos mémoires.

Nous entrons alors dans une rue calme et aérée. Autour de nous, un grand nombre de maisons de maîtres et même une battisse de style Art Déco. Malgré un soleil généreux éclairant la large chaussée pavée, nous ne pouvons nous empêcher de constater qu’un très grand nombre de sonnettes sont fixées tout autour des portes des maisons. Jacques nous explique qu’il est plus rentable, à l’heure d’aujourd’hui, de loger plusieurs familles dans une maison qui, dans son passé glorieux, était destinée à en loger une seule. Nous sommes à Liège depuis 30 minutes et nous voici déjà confrontés au problème de surpopulation des quartiers défavorisés.

Au plus nous marchons, au plus la face du quartier fait grise mine. Les sonnettes sont toujours aussi nombreuses et les maisons, de plus en plus crasseuses. Et pourtant, ce quartier respire la vie et l’échange multiculturel. Chaque personne que nous croisons nous salue et partage quelques mots avec Jacques.

Arrivés à hauteur du numéro 51, nous entrons dans un local exigu mais convivial. Nous sommes alors pris en charge par Joseph, un autre bénévole qui nous nous fait visiter la maison. A chaque porte que nous franchissons, nous constatons que les locaux méritent un sérieux « leefting ». Des taches d’humidité marquent murs et plafonds, l’installation électrique est vétuste et l’isolation inexistante.

Après coups, nous sommes installés dans la salle d’accueil, le café nous est servi avec quelques biscuits et les bénévoles se relaient afin de nous expliquer en quoi consistent les tâches principales de l’ASBL. Chaque jour, de nombreuses personnes s’y rendent et cherchent assistance afin de trouver des réponses à des questions que nous, spadois et theutois, ne sommes jamais amenés à nous poser : « Qu’allons-nous manger ? Comment allons nous payer notre loyer, nos factures ?... ». Mais l’accueil, comme tous l’appellent, est aussi un lieu de rencontre où les habitants se rendent pour bavarder autour d’une tasse de café et partager leur quotidien.

Dans la foulée, Jacques nous emmène chez lui. En effet, il a offert d’ouvrir le rez-de-chaussée de sa maison afin d’y créer une salle de tables de conversations. Cette ancienne boucherie est donc devenue le théâtre de rencontres de dizaines de cultures différentes et c’est avec grande joie que les bénévoles participent à l’insertion des personnes qui, parfois, vivent depuis de nombreuses années dans la cité ardente sans en pratiquer la langue.

Nous sommes à Liège depuis plus de quatre heures et nous avons rendez-vous avec Anne-Françoise, l’assistante sociale de l’association. Dans son bureau, situé au premier étage du numéro 51, Anne-Françoise nous explique en quoi consiste son quotidien. Elle distribue les colis alimentaire d’urgence, aide les habitants du quartier à régler un certain nombre de problèmes administratifs (factures, démarches auprès des services sociaux, politique de régularisation des « sans papier »,…), rencontre les familles à leur domicile,... Nous entrons plus que jamais dans le vif du sujet et prenons conscience du quotidien de ces personnes et de l’importance de l’existence de l’ASBL.

Cette matinée nous a ouvert l’appétit et nous rejoignons le parc du Botanique pour le casse croûte.

Jacques nous a donné rendez-vous à 14h devant la porte de l’Ecole De Devoirs. C’est là qu’une dizaine de bénévoles se relaient afin d’encadrer les enfants après leurs journées à l’école. Ce lieu nous apparaît comme le plus vivant de tout le quartier. Les enfants sont fiers de nous montrer leurs ordinateurs et nous sentons à quel point notre présence compte pour tous. Néanmoins, nous constatons, encore et toujours, que les moyens manquent cruellement et que, malgré la bonne volonté de chacun, il est de plus en plus difficile de donner suite à l’ensemble des projets mis en œuvre.

Pour clôturer la journée, Jacques nous invite à visiter l’église de Saint Martin et de monter tout en haut du clocher qui figure parmi les plus hauts points de vue de la cité. Après avoir gravi plus de 300 marches, nous voici sur le toit de l’église et nous prenons part, le souffle coupé, au spectacle qui s’offre à nous. La vue sur la ville de Liège est magnifique, elle nous rappelle, à tous, un instant de notre vie. Les plus jeunes repèrent les magasins, les plus âgés le lieu de leurs études,...

Un temps libre est organisé car il nous reste une heure avant d’embarquer dans le train. Nous nous installons, au soleil, à une terrasse et nous échangeons nos impressions sur la journée qui touche à sa fin.

18h01, le train entre en gare de Spa, nos compagnons theutoix nous ont  quitté quelques minutes plus tôt, chacun reprend la route, de son côté, les jambes lourdes mais le sourire aux lèvres. Nous ne savions pas vraiment vers où le train de 8h59 au départ de Spa nous emmenait mais nous étions certains, en quittant les train de 18h01 à destination de Spa que nous avions vécu une expérience unique, marquante et impressionnante. En bref, une journée que nous n’oublierons sans doute jamais.

Les ado+