Le Pape dialogue avec des jeunes place Saint-Pierre
Extrait de "Zénit" du 11 avril 2006


La Parole de Dieu

Simon, 21 ans, étudiant : « Je me demande souvent ce que ferait Jésus s’il se trouvait à ma place dans une situation déterminée, mais je ne réussis pas toujours à comprendre ce que me dit la Bible ».

« Il faut lire les Saintes Écritures non pas comme un livre d’histoire mais comme la parole de Dieu, c’est-à-dire en entrant dans un dialogue avec Dieu, en priant et en demandant à Dieu : ‘Aide-moi à comprendre ta parole’ ».

« On ne peut pas lire les Saintes Écritures, seul. Il est toujours important de lire la Bible de manière très personnelle, dans un dialogue personnel avec Dieu mais en même temps il est important de la lire en compagnie de personnes avec lesquelles on chemine, se laisser accompagner par les grands maîtres de la Lectio divina…
« Il est important de les lire avec la grande compagnie du peuple de Dieu, en marche, c’est-à-dire l’Église ».
Nous devons donc lire les Écritures « en entrant dans un dialogue personnel avec le Seigneur, accompagnés par des maîtres qui ont l’expérience de la foi et avec la grande compagnie de l’Église ».


L’affectivité et le mariage


Anna, 19 ans, étudiante en lettres : « Aujourd’hui il est difficile de vivre ce que propose l’Église, surtout dans le domaine de la morale sexuelle. »

« L’amour aujourd’hui est souvent mal interprété, dans la mesure où il est présenté comme une expérience égoïste, alors qu’en réalité il s’agit d’un abandon de soi et qui permet ainsi de se trouver. Une culture de la consommation falsifie notre vie avec un relativisme qui semble tout nous accorder et qui en réalité nous vide.
Pour moi c’est une chose très belle de constater que dans les toutes premières pages des Saintes Écritures, juste après le récit de la Création de l’homme, nous trouvons la définition de l’amour et du mariage : ‘L’homme abandonnera son père et sa mère, suivra sa femme et tous deux seront une seule chair, une existence unique’.

Il s’agit d’une prophétie du mariage…

Dans un certain sens le mariage a été le premier sacrement car il fut institué par Dieu lors de la création, c’est un sacrement inscrit dans l’être humain lui-même. Il ne s’agit donc pas d’une invention de l’Église mais à cause du péché originel et de la fragilité humaine, le mariage semble parfois réellement difficile à vivre.

C’est pour cette raison que pour vivre cette vocation, nous avons besoin d’un « cœur nouveau », un « cœur de chair » comme le dit Ézéchiel. Lors du baptême, le Seigneur nous implante ce cœur nouveau. Il ne s’agit pas d’une greffe physique, mais peut-être pouvons-nous nous servir de cette comparaison : après la greffe il est nécessaire que l’organisme reçoive des soins, qu’il bénéficie des médicaments nécessaires pour pouvoir vivre avec le nouveau cœur, pour que celui-ci devienne ‘son cœur’ et non ‘le cœur d’un autre’. Dans cette ‘greffe spirituelle’ où le Seigneur nous implante un cœur nouveau, un cœur ouvert au Créateur, à la vocation de Dieu, des soins appropriés sont d’autant plus nécessaires pour pouvoir vivre avec ce cœur nouveau. Il faut avoir recours aux ‘médicaments appropriés’ pour que ce cœur devienne vraiment ‘notre cœur’. C’est en vivant dans la communion avec le Christ, avec son Église, que le nouveau cœur devient réellement ‘notre cœur’ et que le mariage devient possible. L’amour exclusif entre un homme et une femme, la vie à deux conforme au dessein du Créateur, devient possible, même si le climat de notre monde la rend si difficile, jusqu’à la faire paraître impossible. Il existe de nombreuses familles chrétiennes qui vivent dans la fidélité et dans la joie, la vie et l’amour indiqués par le Créateur .

De même que pour réussir dans le domaine du sport il faut de la discipline, suivre le Christ demande également des renoncements. Il ne s’agit pas d’une chose négative, ces choses aident au contraire à vivre une vie vraiment humaine et heureuse. Puisqu’il existe une culture de la consommation qui veut nous empêcher de vivre selon le dessein du Créateur, nous devons avoir le courage de créer des îlots, des oasis, puis de grands terrains de culture catholique, où l’on puisse vivre le dessein du Créateur ».


Benoît XVI raconte sa vocation

Vittorio, 20 ans : « Comment avez-vous décidé de devenir prêtre et comment discerner l’appel de Dieu ? »

« J’ai grandi dans un monde très différent du monde actuel, mais en définitive les situations se ressemblent. D’une part il y avait la situation dans laquelle il était normal d’aller à l’église et d’accepter la foi comme la révélation de Dieu ; de l’autre, il y avait le régime nazi qui affirmait clairement : ‘Dans la nouvelle Allemagne, il n’y aura plus de prêtres, cherchez vous une autre profession’.

Mais précisément en entendant ces voix ‘fortes’, confronté à la brutalité de ce système au visage inhumain, j’ai compris en revanche qu’il y avait un grand besoin de prêtres. Dans cette situation, la vocation au sacerdoce a grandi presque naturellement avec moi, et sans grands événements de conversion.

Deux autres choses m’ont aidé sur ce chemin : alors que j’étais enfant, j’ai découvert la beauté de la liturgie car je sentais qu’elle laissait transparaître la beauté divine. Ensuite j’ai découvert la beauté de la connaissance : connaître Dieu, connaître les Saintes Écritures et entrer par elles dans cette grande aventure du dialogue avec Dieu qu’est la théologie.

Bien sûr, les difficultés n’ont pas manqué. Je me demandais si j’avais la capacité de vivre le célibat toute ma vie. Je savais également qu’il ne suffit pas d’aimer la théologie pour être un bon prêtre… Mais le Seigneur m’a aidé et, surtout la compagnie d’amis, de bons prêtres et de maîtres.

Je pense qu’il est important d’être attentifs aux gestes du Seigneur sur notre route. Il nous parle à travers les événements, les personnes, les rencontres : il faut y être attentifs. Puis entrer vraiment dans une relation d’amitié avec Jésus, dans une relation personnelle avec Lui dans laquelle nous pouvons commencer à comprendre ce qu’Il nous demande…

 

Cela reste toujours, certes, une grande aventure, mais la vie ne peut réussir que si nous avons le courage de l’aventure, la confiance que le Seigneur ne nous laissera jamais seuls, qu’il nous accompagnera, nous aidera ».


Science et foi

Giovanni, 17 ans : « Quel est le rapport entre science et foi ? »

« Le grand Galilée était convaincu que Dieu nous avait donné deux livres : celui des Saintes Écritures et celui de la nature. Et que Dieu a écrit le livre de la nature sous forme de langage mathématique...

Il me semble que la mathématique nous montre la structure intelligente de l’univers. Plus nous réussissons à instrumentaliser le monde avec notre intelligence, plus apparaît le dessein de la Création.

 

Et nous arrivons à la question définitive : Dieu existe ou il n’existe pas. Il n’y a que deux options : ou bien on reconnaît la priorité de la raison, de la Raison créatrice ou bien on soutient la priorité de l’irrationnel. On ne peut prouver ni l’un ni l’autre, mais la grande option du christianisme est celle de la rationalité. Cela me semble une excellente option, selon laquelle derrière tout il existe une grande Intelligence, à laquelle nous pouvons faire confiance.

Mais le vrai problème contre la foi aujourd’hui semble être le mal dans le monde : on se demande comment il peut être compatible avec cette rationalité du Créateur. Et ici nous avons vraiment besoin du Dieu qui s’est fait chair et qui nous montre qu’Il n’est pas seulement une raison mathématique mais que cette raison originelle est aussi Amour… Pour cette raison, nous pouvons élaborer avec confiance une philosophie, une vision du monde basée sur cette priorité de la raison, sur cette confiance que la Raison créatrice est amour, et que cet Amour est Dieu. » 


Attente

Inelida, 17 ans, « Qu’attendez-vous des jeunes ? »

« Demandons-nous plutôt ce que Dieu attend de nous. Il me semble que le grand défi de notre temps soit la sécularisation c’est-à-dire une manière de vivre et de présenter le monde comme si Dieu n’existait pas. Nous devons rendre Dieu à nouveau présent dans nos sociétés, prendre acte du fait d’être des créatures, constater qu’il existe un Dieu qui nous a créés et que faire sa volonté n’est pas une dépendance mais un don d’amour qui nous fait vivre. Il s’agit donc de connaître Dieu. Quel Dieu ? Le Dieu qui nous a montré son visage en Jésus, qui a souffert pour nous, qui nous a aimés jusqu’à la mort et a ainsi vaincu la violence ».