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C’est ici qu’apparaît la distance entre une religion et ce qui peut y ressembler. Entre la prière et ce qui lui ressemble. Il existe de nombreuses formes de prière : réflexion, introspection ou de recherche personnelle de clarification, sentiment profond de communion avec la nature, impression d’être porté par le cosmos. Est-ce prière ? Est-ce réflexion ? Où donc passe la frontière ? La réflexion incline à penser, la prière consiste à s’ouvrir au dialogue. La différence entre la prière et la réflexion s’observe à la formulation : « Dieu est infiniment grand et bon ». Cette phrase appartient au registre de la réflexion. La prière dira : « Dieu, tu es infiniment grand et bon ». Tout se résume à une affaire de pronom, à l’utilisation du « Tu ». La prière relève du dialogue, la réflexion du monologue. |
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Qui suis-je ? Qui est Dieu ? D’où la prière surgit-elle ? |
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Si
Dieu est Dieu, présent, de mon cœur jaillit une source que personne ne
peut contenir. Je m’adresse à Dieu et je lui parle. Une pierre peut encombrer la source, mais elle ne peut empêcher l’eau de s’écouler. La pierre la plus obstinée au passage de l’eau c’est celle du mensonge sur « qui je suis » et sur « qui est Dieu ». Si je pense être le centre du monde, indépendant et autonome, totalement moi-même, la vérité sur moi est faussée : je ne suis pas autonome, je suis dépendant. Je proviens d’un point que je n’ai pas décidé moi-même : ma naissance. Et je vais vers un point que je ne détermine pas non plus moi-même : ma mort. La vérité sur moi-même consiste à reconnaître que je ne tiens pas ma vie totalement entre mes mains. La vérité sur Dieu, c’est qu’il est Dieu, et non ma créature, même si je Lui ressemble. |
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Le
Dieu de ses désirs |
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Au
fond du cœur humain gît un irrépressible désir de Dieu. Ce qui surgit
en moi est un élan vers Celui qui est plus grand que moi, pour lui
demander des choses et ensuite, pour le remercier, pour l’aimer, pour le
louer et le bénir. Spontanément, l’homme se dirige vers Dieu comme une boussole indique le nord, et seul un trouble du magnétisme peut changer cela. Il existe bien des parasites mais quand je suis vraiment moi-même, je ne puis pas ne pas chercher Dieu. C’est ce que chantent constamment les psalmistes : |
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(ps
41, 2-3) «
Dieu, tu es mon Dieu, (ps 62, 1-2, 9) |
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Les choses et les êtres humains |
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Ce
désir de Dieu se trouve aussi dans les choses, dans les plantes et les
animaux. Ils ne peuvent pas l’exprimer, mais le désir de Dieu les
traverse eux aussi. Par le seul fait d’exister, ils font connaître leur
désir de Dieu et leur obéissance au Créateur. Ils le font spontanément. |
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(ps 18, 2-5) |
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Mais l’homme transcende les choses. Son désir de Dieu s’exprime en paroles ; il se fait audible. Est-ce tellement différent de ce que fait la création ? Dans les deux cas, ne s’agit-il pas d’une manière de s’exprimer ? Non : la parole est d’un autre ordre ; grâce au langage, l’homme s’adresse librement à Dieu, il s’engage dans cette vérité relationnelle. Croître et fleurir se font naturellement. Mais la parole est d’une autre nature, il faut vouloir s’exprimer. L’homme est le « chantre du désir de Dieu » en toute chose : |
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«
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, |
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Le désir de Dieu |
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