Benoît XVI et son blason
Christian Laporte dans La Libre Belgique (extraits)




Le choix d’un blason personnel était un peu le dernier suspense de l'inauguration du nouveau pape... force nous est de constater que Benoît XVI continue à surprendre. Pas tellement dans le choix des éléments qui y figurent, il joue la continuité en reprenant largement les symboles de son épiscopat, mais c'est surtout le cadre général du blason qui détonne.

D'aucuns persistent à voir dans le nouveau pape un homme de pouvoir et de restauration... Or voilà que Benoît XVI doit rendre muet de... stupeur certains cardinaux de curie en décidant de ne plus le surmonter de la tiare comme le firent les souverains pontifes qui l'ont précédé... Les papes ne sont plus couronnés depuis Jean-Paul 1er et si Paul VI le fut encore, il ne porta la tiare que le jour de son intronisation. Mais la triple couronne continua à coiffer les blasons des papes...

En remplaçant cet insigne de pouvoir par une mitre triangulaire, Benoît XVI jette peut-être les bases d'un gouvernement de l'Église plus collégial et apparaît plus comme l'évêque de Rome que comme un chef religieux qui entend gouverner le monde (catholique).

Et cela répond bien au "simple travailleur dans la vigne du Seigneur" comme il s'est présenté quelques dizaines de minutes après son élection...

Autre signe d'ouverture: le blason comprend aussi le pallium, cette étole de laine de brebis et d'agneaux symbolisant le pasteur mais aussi le joug que le pape a accepté comme il l'a expliqué dans son homélie au lendemain de son intronisation.

Le blason lui-même reprend, à gauche, la tête couronnée du "Maure de Freising", emblème présent depuis 1316 chez les évêques du lieu.

Au centre, une coquille Saint Jacques évoque le monastère Saint-Jacques de Ratisbonne où Joseph Ratzinger a enseigné la théologie et la dogmatique de 1969 à 1977. Mais elle évoque aussi les pèlerinages de Saint Jacques de Compostelle.

A droite, enfin, figure l'ours de saint Corbinien, l'évêque de Freising (680-730 après Jésus-Christ) qui a converti la Bavière au catholicisme. L'ours avait, selon la légende, tué la monture de l'évêque parti pour Rome. Ce dernier lui ordonna donc de le porter jusque-là. Arrivé à destination, il lui rendit sa liberté.

Joseph Ratzinger ? Un Corbinien moderne…



Christian Laporte dans La Libre Belgique (extraits)